L'Arc et la Flèche Par Martine Gayot Le musée de Préhistoire de Solutré raconte
comment, à l'âge néolithique, l'homme a perfectionné une arme redoutable pour la chasse et le combat : l'arc et la flèche qui atteignait son but avec une précision et une rapidité remarquables.
Il y a 12 000 ans, la fin de la dernière glaciation laissait la place en Europe à des forêts immenses qui regorgeaient de cerfs, de chevreuils, de sangliers, d'aurochs, de chamois, de bouquetins.
L'homme, qui jusque-là utilisait pour la chasse une sagaie à propulsion, mit au point l'arc et la flèche. Les cités lacustres suisses, milieu idéal de conservation de ces objets en bois à travers les âges,
ont livré de beaux spécimens de cette arme à l'évolution spectaculaire, et partant des informations intéressantes sur la vie quotidienne de ces chasseurs de la Préhistoire.
Obsolète, donc, la lourde sagaie qui n'atteint pas toujours son but. L'arc et la flèche à la pointe acérée de silex taillée vont faire désormais trois fois mieux.
L'arc lui-même est presque toujours en bois d'if, essence qui aujourd'hui encore se révèle la meilleure pour cet emploi. Sa fabrication exige beaucoup
d'expérience pour acquérir la souplesse et l'élasticité nécessaires, et il faut être un véritable spécialiste en la matière vu le nombre de fragments d'arcs brisés
retrouvés. La flèche, qui doit être parfaitement droite, demande plus de soin encore que l'arc lui-même. Il faut écorcer le bois, le polir, garnir le bout d'une
pointe en bois, en bois de cerf, en os ou en pierre que l'on colle avec du brai de bouleau, tout comme l'empennage qui assure la stabilité de la flèche en vol,
avant de fixer le tout par une surliure. Le tranchant obtenu est proche de celui de nos lames de rasoir. L'objet est précieux et le chasseur du néolithique ne
tire que s'il est certain d'atteindre son but afin de pouvoir récupérer la chose. Pour la chasse les types de pointes sont adaptées à l'espèce convoitée. Les
pointes en bois, à extrémité élargie, sont utilisées pour les oiseaux et les animaux à fourrure afin de ne pas endommager le pelage et le plumage. Les
arêtes vives sont réservées au gros gibier. Grâce à cette variété l'homme préhistorique peut viser n'importe quelle proie mais parfois le gibier est
dangereux. On a retrouvé dans une grotte suisse le squelette d'un ours fiché de plusieurs pointes de silex.et celui du chasseur qui gisait juste à coté. Il n'est
pas rare de trouver aussi des squelettes humains avec des pointes fichées dans les os, ce qui laisse imaginer des combats singuliers. On estime qu'une bonne flèche, tirée d'un bon arc, pouvait atteindre une
vitesse de propulsion de près de 200 kms à l'heure. Elle était tirée d'une trentaine de mètres pour être le plus efficace possible, mais pouvait être tirée à 150 mètres.
Cet objet offensif entamait là une longue carrière. Du
01 avril au 30 septembre 2006, Musée départemental de Préhistoire de Solutré, 71960 Solutré-Pouilly, tous les jours de 10h à 18h T : 03 85 35 85 24
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