Orchestre(s) et mini-orchestres

Par Dominique Dubreuil

On peut "augmenter le volume" en des arrangements selon son propre espace imaginaire: ainsi de Gustav Mahler lorsqu'il élargit le 2e Quatuor de Beethoven et surtout quand il surdramatise le 14e de Schubert
(La Jeune Fille et la Mort). Ces passages de témoin, peut-être ces captations, sont passionnantes aussi parce qu'elles nous parlent des goûts d'une époque. C'est ce que montrera Jean-Jacques Kantorow qui, après avoir été soliste dans le 1er concerto de Haydn, mènera les Musiciens du Louvre-Grenoble dans ces contrées post-romantiques. Le lieu aussi intéresse: la Chapelle de la Trinité,  joyau classico-baroque, abritera d'autres sonorités que celles de la coutume…

Deux concerts  de la tradition symphonique avec l'ONL à l'Auditorium. Sous la direction de David Robertson , un hommage aux classiques Mozart (la 36e, Linz) et Haydn (le concerto pour violoncelle est joué par Anne Gastinel), le néo-jazzy-Stravinsky (Dumbarton Oaks concerto), et Palimpsest I, du Britannique-messiaenesque George Benjamin (13 et 15/02). Puis avec Paul Daniel au pupitre du chef, un mélange de Rameau (Suite de Dardanus) et de Debussy (les Images, de celui qui aimait tant ses prédécesseurs Couperin et Rameau), puis (avec la chanteuse Joan Rodgers) le jeune amoureux Messiaen des Poèmes pour mi, une gerbe pour sa première épouse Claire Delbos (20 et 22/02 ). Hors programme franco-français, un expresso-et-ouzo des concerts de midi trente à l'Audi (14 /02): David Robertson ouvre le panorama de trois compositeurs grecs (Kalomires, Kasassoglou, Skalkottas) en écho de Saint-Saëns qui fait ronronner le Rouet d'Omphale.

Tout à fait ailleurs et autrement, ne négligez pas le récital d'orgue – pas dans une église ! – de Raffi Ourgandjian, un compositeur de première importance, grand interprète (entre autres) de Messiaen , pédagogue de la composition et penseur de la musique. Les sons de ce musicien profondément humaniste iront de Frescobaldi à des langages d'aujourd'hui (Camille Roy, Alain Besson, R.Ourgandjian lui-même), en passant par Elsa Barraine – dont l'organiste est le disciple – ou Ligeti. (11/02, CNSM). Et un peu plus en aval des bords de Saône, sous les auspices du Conservatoire de Région (CNR), voici un groupe de musiciens, enseignants dans cette structure. Ces praticiens des Temps Modernes ont trouvé la consécration discographique de leur travail avec le CD des œuvres de Tristan Murail que nous analysions dans le numéro de décembre 2002; il en existe aussi une version élargie en DVD: ACCORD UNA CORDA 47 25 789, distr.Universal : la récompense la plus haute (Grand Prix Audio-visuel 2002 de l'Académie Charles Cros) leur a été accordée. En concert de la mi-février, ils reviennent avec une partition de T.Murail, mais aussi du Klaus Huber, des compositeurs de génération plus récente (Marc-André Dalbavie, Philippe Leroux, et de leur collègue professeur de composition acousmatique, Christophe Maudot)(18/02)

C.N.S.M. T. 04 72 19 26 26
AUDITORIUM/ONL  T.04 78 95 95 95 /
www.orchestrelyon.com
Chapelle de la Trinité  T  04 78 38 09 09
 - Ph. : Jean-Jacques Kantorow (©DR)