Costa Coulentianos Par Yves Neyrolles Matière, Lumière, Espace. Depuis le début de l'été, et pour tout le mois d'octobre encore, les amateurs d'art — et les autres aussi — peuvent se rendre à Pont de Vaux,
pittoresque bourgade de l'Ain, non loin de la Saône, pour y découvrir un rassemblement important de sculptures, de dessins, de tapisseries, de collages — et même de meubles — réalisés par Costa Coulentianos.
Cet artiste d'origine grecque, venu à Paris à la fin de la 2e guerre mondiale pour parfaire son " apprentissage ", avait été mis en relation avec Roger
Vailland par la Galerie de France, un des grands carrefours de l'art contemporain dans les années 50. Au cours d'une conversation, l'artiste avait
entretenu l'écrivain de ses difficultés " matérielles " à entreprendre la fabrication de grandes sculptures dans son atelier parisien, beaucoup trop
petit. Roger Vailland, qui venait de faire l'acquisition d'une œuvre, invita Coulentianos à venir s'installer dans son village de l'Ain et mit à sa disposition une grange dont il était depuis peu propriétaire.
C'est ainsi que Costa vint à Meillonnas et put réaliser les nombreuses sculptures de grande dimension que l'on peut découvrir ici et là, en parcourant ce département, et qui mériteraient d'être répertoriées et mises en
valeur comme le sont actuellement, grâce au soutien conjoint de la ville de Pont de Vaux et du Conseil Général, celles qui ont été réunies pour constituer
l'exposition organisée à l'initiative du Musée Chintreuil et de l'Association des Arts Pontévallois. Matière, lumière, espace, c'est dans la conjugaison de ces trois mots que réside la thématique développée par Coulentianos et que s'éprouve le sens du questionnement que l'artiste a
constamment poursuivi dans son élan créatif, faisant surgir des formes monumentales à partir du métal, du bois, du plexiglass ou, s'il se contentait de travailler dans deux dimensions, utilisant le
découpage et le collage, et même, dans une manière très personnelle, combinant des fils de matières différentes pour magnifier l'art de la tapisserie.
Cette exposition, qui occupe une des salles du musée Chintreuil, mais invite aussi à une promenade au bord de la Reyssouze jusqu'au petit port de
plaisance, outre qu'elle nous comble du plaisir de vérifier que les formes créées entrent remarquablement bien en dialogue avec la nature, nous fait
également entrevoir à quel point la volonté de Coulentianos de développer toute son œuvre à partir de quelques figures géométriques simples (ne pas
oublier que la Grèce ne fut pas seulement le berceau de la philosophie, mais aussi celui de la géométrie et de l'architecture) devient une démarche cohérente et féconde, suscitant à la fois la réflexion et la rêverie. Après la mort de Vailland, Coulentianos était venu
construire sa maison-atelier à Chavannes sur Reyssouze, non loin de Pont de Vaux. Il quitta cette maison dans les années 80 pour s'installer à Plan d'Orgon, dans un paysage plus proche de celui de
ses origines, et pour y poursuivre une œuvre que la mort interrompit en septembre 1995. L'exposition de Pont de Vaux, deuxième grand rendez-vous posthume avec Costa Coulentianos,
suggère avec force que cette œuvre doit occuper une place majeure dans l'art du XXe siècle.
Exposition ouverte jusqu'au 31 octobre
(de 14h à 18h sauf mardi)) Musée Chintreuil et rives de la Reyssouze, Pont de Vaux (01) Edition d'un catalogue (13 Euros) Photographies extraites du catalogue 1)et 2) C. Coulentianos (Ph.: Y.Neyrolles)
3) Génération IV – 1988, fer peint boulonné, 117 x 57 x 58 cm (Ph.: J-F. Basset) |