Alfons Alt Par Félicie Parmentier Alfons Alt travaille avec le matériel photographique d'antan: celui des débuts
du siècle, la fameuse boîte noire sous le rideau de laquelle on se dissimule pour saisir un objet, une personne...C'est ici la girafe qu'il a choisi de
magnifier. Du choix délibéré de cette technique résulte un rendu basique, retravaillé ensuite par l'artiste: des recompositions diverses, sur la photo elle-même mènent à une facture éthérée, évaporée, et quelque peu
fragmentée, comme un souffle d'air.
Ces transformations de photographies de girafes, prises en milieu naturel ou dans des zoo, amènent à une vision subjective de l'essence et de la profonde identité de cet animal, de la
girafe: douceur, vulnérabilité, dignité, fierté, soumission, effacement. L'animal est analysé, décrypté, et toute la technique de l'artiste souligne sa singularité. Les lumières créent
souvent l'environnement: chaleur de la savane en orange, bleu comme celui du ciel. On a l'impression que les photographies montre comment l'animal est dépossédé à demi de ses qualités
(ce qui le qualifie: girafe), tout en les exploitant pour les faire fructifier. Il en est venu à révéler pleinement le caractère de la girafe: sa vulnérabilité et sa grandeur, la position de proie,
animal paisible et hautain... Ce sont toutes ces caractéristiques
qui surgissent au travers d'un travail et d'une technique pointue. Un ensemble de photos très travaillé où l'évanescence est de mise, et où le fantasque sert à mettre en valeur la réalité: la condition animale de la
girafe... Les photos sont d'un beauté discrète et travaillée, de lignes effacées, de flous en précisions "regravées" au noir. Une exposition superbe au thème original.
A noter qu'en l'an 2000, Alfons Alt est lauréat du European Publisher World for Photography
Alfons Alt - Photographies:
"Le cou de la girafe" Galerie K2A - 76 rue Denfert Rochereau – 69004 Lyon Tel: 04 72 10 98 25 Vernissage le 15 décembre, Expo jusqu'au 26 Janvier 2001.1) Le baiser
2) Le cou de la girafe 3) L'étonnement de la girafe Technique utilisée par Alfons Alt pour réaliser ses œuvres. Le résino-pigmentype Principe technique
Ce procédé photographique pigmentaire et non argentique est basé sur la capacité de la gélatine à se durcir au contact du soleil (lumière ultraviolette). En fonction de son
exposition, la gélatine se durcit plus ou moins à la surface de l'épreuve (contretypes demi-tons). Lorsque la photographie est rincée pour être débarrassée du bichromate de potassium
(agent photosensible), apposé initialement sur la gélatine et puis glacé, des poches d'eau se créent dans les zones les plus tendres.
C'est grâce à ces poches d'eau que l'ajout de pigments à la surface de l'épreuve peut se faire, l'eau permettant de les fixer. L'image se forme alors que les pigments sont
appliqués à l'aide d'un pinceau très doux. L'épreuve ensuite chauffée à environ 40°C rend l'image inaltérable.Ce procédé offre donc de grandes possibilités esthétiques, grâce à sa
rudimentarité.Toute intervention sur l'application de la gélatine ou sur la nature de celle-ci aura une influence sur le devenir de l'image. De même que l'application des
pigments obéit à des réactions chimiques qui mettent l'image dans un flux visible et qui permettent une intervention immédiate. L'image est dans un mouvement et fait appel à tous les sens.
La qualité de détails qui provient de la photographie, grâce au contretype soigneusement confectionné, cède la place à une nouvelle "matérialité" qui opère à ce
moment décisif de l'application de pigment une forme de révélation. "Flaque d'eau enrichie de rouge manganèse avance vers une coulure de vert malachite
et se fait freiner violemment." Au réel de la photographie se rajoute le divin de la peinture. Alfons Alt Marseille, mai 2000 |