Vingt bougies pour la Maison de la Danse
par Nathalie Demichel C'était le début des années 80. La danse française connaissait alors les premières déflagrations d'une explosion de
talents. Nouveaux chorégraphes, nouveaux styles; enfin, un vent de fraîcheur soufflait sur la danse! Mieux encore, en s'affichant provocante, aventureuse, elle sortait d'un statut de divertissement gentillet de jeunes
filles bien élevées pour devenir un art qui pense et se pense. Certes, les pionniers de la modern dance en Europe et aux Etats-Unis avaient, bien avant cela, parcouru des chemins similaires, cependant l'ébullition des
années 80 permit non seulement de toucher un public plus large, plus jeune, que ce qui avait était le cas jusqu'à présent, mais aussi d'afficher une sensibilité spécifiquement française. Les jeunes chorégraphes
s'étaient nourris aux recherches de leurs aînés anglo-saxons, mais leurs créations ne ressemblaient à rien d'autre qu'à eux-mêmes. Comme en accompagnement de ce mouvement, le 17 juin 1980, la Maison de la Danse était
créée sur les hauteurs de la Croix-Rousse. C'était le seul établissement entièrement consacré à la danse. Un lieu où elle n'était subordonnée ni à la musique, ni au théâtre, ni à aucune autre discipline - une véritable
déclaration d'indépendance. A la base, cinq chorégraphes lyonnais (Claude Decaillot, Michel Hallet Eghayan, Lucien Mars, Hugo Verrechia, Marie Zighera) s'étaient réunis pour défendre la danse et l'existence d'un lieu
spécifique en Rhône-Alpes. L'adjoint à la Culture de la Ville de Lyon, Joannès Ambre s'intéressa à ce projet et concéda une ancienne salle des fêtes. En 1992, la Maison de la Danse déménagea dans les murs plus vastes
du Théâtre du Huitième. Que n'a t-on pas entendu alors! Le théâtre (le Centre Dramatique National d'Alain Françon) était sacrifié au profit de la danse, car celle-ci était moins dérangeante pour les politiques. Vieille
rengaine chantée par certains qui, semble-t-il, n'avaient pas vu un spectacle de danse depuis les années 60 et qui s'en étaient arrêtés à Roland Petit. Comme si la parole du comédien était par essence subversive alors
que le silence du danseur ne pouvait qu'être imbécile. Comme si le conformisme, la complaisance ne pouvaient atteindre le théâtre. Vingt ans et un déménagement plus tard, la Maison de la Danse accueille 14 000 abonnés
et plus de 140 000 spectateurs pour la saison 1999/2000. Il y a 20 ans, combien auraient parié sur une telle réussite? Sûrement bien peu, c'est pourquoi il était important de marquer cet anniversaire par une soirée
spéciale. Le programme en alternance concocté pour l'occasion mêle le festif, avec les échassiers de la compagnie Zanka et le Balé Folclorico de Bahia, au souvenir, avec la recréation d'un solo chorégraphié par
Dominique Bagouet en 1980 pour une soirée de préfiguration de la Maison de la Danse et un montage vidéo de spectacles marquants. Ce qui fait la danse d'aujourd'hui est bien là : le hip-hop avec Käfig et le
post-classicisme de William Forsythe et Nacho Duato. La diversité d'un tel programme est le reflet de celle des saisons qui se sont succédées : une des préoccupations de Guy Darmet, le directeur de la Maison de la Danse
a été de n'exclure aucun genre, de ne mépriser aucune forme de danse, mais plutôt de montrer les résonances qui existent entre les différents styles. Programmes en alternance Du 13 au 17 juin - Maison de la Danse Renseignements : 04 72 78 18 00
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