pouvoir poser le chèque sur un compte en banque la Cie n'existant pas alors. Par la suite nous avons continué car il y avait des demandes. Au fil de l'expérience et en s'entourant de conseils nous sommes devenus une petite entreprise culturelle. C'est finalement grâce à un chèque de la mairie de Villeurbanne dans le cadre d'un forum de jeunes troupes que la Cie est née.  héâtre. 

- PLUMART - Quelle était la situation du théâtre à ce moment là pour la ville de Lyon?
- F.MAIMONE - En ce qui nous concerne, nous étions une bande de copains au T.H Métro dans le vieux Lyon, un théâtre de poche. Les spectacles prenaient forme dans un esprit de laboratoire, avec peu de choses, des matériaux de récupération, de bric et de broc... On se payait à la recette. C'est une période d'apprentissage très riche car il fallait tout faire, les lumières, le décor, les costumes. Nous n'avions pas de problèmes d'argent, on s'en moquait, une création suivait l'autre. Nous sommes nombreux à avoir démarré dans ce lieu. Il y avait Sylvie Mongin, Alain Peillon, le théâtre de la Chrysalide, le théâtre du Lézard dramatique... C'est l'endroit où j'ai fait ma première création qui s’appelait   "Télex n°1". Par bonheur Lavaudant est venu la voir et il a trouvé ce travail très bien. Quelques mois plus tard nous l'avons représentée à la Maison de la culture de Grenoble. C'est un texte de J.Jacques Shulh avec lequel nous avons beaucoup tourné et les encouragements qui nous ont été faits m'ont poussée à continuer. 

- PLUMART - Vous avez orienté une grande partie de votre travail avec le parti pris de l'adaptation, qu'en est-il aujourd'hui? 
- F.MAIMONE - J'estime que j'ai travaillé à partir des plus grands  poètes français "Les lettres de la Religieuse portugaise", "Les Chants de Maldoror" de Lautréamont, des textes d'Antonin Artaud. J'ai continué avec Gérard de Nerval. J'ai le sentiment de m’être plongée au chœur des grands poètes français du XIXème siècle et cela compte beaucoup. Il y a eu aussi des textes plus adaptés au théâtre. Pourtant si je vais vers cette expression c'est que j'aime la littérature, le cinéma, la peinture; le théâtre me permet de réunir une somme d'expression et de ramener tout cela sur un plateau. Je n'aime pas trop le théâtre dit psychologique. 

- PLUMART - En 1991 vous devenez directrice de la Salle Gérard Philippe. Qu'est-ce que cela change dans le parcours d'un metteur en scène? 
- F.MAIMONE - On devient quelqu'un de public, on travaille avec de l'argent public. On se doit de travailler pour les autres et de penser à l'avenir. On est un lien entre ce qui a disparu et ce qui va arriver. Il faut impérativement regarder devant soit en amenant tout ce qui nous vient en héritage. C'est l'idée de la transmission qui doit être notre mission. Le monde du savoir ne peut pas être quelque chose de mort. Molière, Musset ne sont pas morts et ces génies continuent à vivre à travers nous. Un citoyen c'est un homme universel, en chacun de nous existe un mort à qui on fera vivre des lendemains. Ma conviction c'est la transmission. 

- PLUMART- Est-ce qu'aujourd'hui vous avez des envies particulières  pour des écritures plus proches de nous? 
- F.MAIMONE - Tout d'abord que signifie des écritures proches de nous? Ce n'est pas la date qui fait qu'un texte est proche ou non de nous, mais son contenu et sa forme. Il existe des textes qui franchissent les siècles et nous touchent plus que des textes dits contemporains. A une époque j'ai travaillé avec Eugène Durif, c'était un atelier d'écriture pour personnes handicapées moteur, sur le thème de la naissance. A partir de ce qu'ils nous livraient, E.Durif a écrit un texte qui s'appelle "Paroles échappées du coeur" que j'ai ensuite monté. Cette expérience nous a emmenés bien au delà du théâtre. Pour ce qui est du travail avec des auteurs contemporains, j'ai passé une commande cette année qui n'a pas abouti. J'ai alors lu R.Fassbinder, B.M.Koltès, T.Bernhardt, c'est d'un tel pessimisme que mon choix s'est arrêté sur "Baal" de Brecht. Mon souhait est de rendre un hommage à la vie, peu importe que la fin soit tragique il faut une vitalité qui mène à cela.

Salle Gérard Philippe: 04 78 85 79 97